Ce mardi 25 janvier était prévue en Russie la sortie du film la mort de Staline Film relatant après le décès du « petit père des peuples » la lutte pour le pouvoir ayant eu lieu au sein de son entourage. Inspiré de la bande dessinée éponyme de Fabien Nury et Thierry Robin, le but était de rapporter les événements suivant l’arrêt cardiaque du dictateur en 1953, cela en « en inventant le moins possible ».

 

« Des symboles nationaux russes tournés en dérision ».

Si ce film importune en Russie, c’est qu’il traite de ce combat pour le pouvoir sur un ton burlesque. En effet l’idée vient à Fabien Nury en lisant le récit de la mort de Staline, qu’il considère plus comme une comédie noire qu’un thriller. C’est selon lui « Les sopranos en Russie ».

Ce n’est d’ailleurs pas seulement au gouvernement Russe que l’œuvre du réalisateur Armando Iannucci pose problème. Certains cinéastes, en plus des hommes politiques, ont aussi signé la pétition visant à retirer son visa d’exploitation au film, le qualifiant « d’offensant et extrémiste ». Le ministre de la culture interdit donc la diffusion du film deux jours avant sa sortie car il s’en prend à « des symboles nationaux russes ».

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La censure comme moyen de représailles ?

Vladimir Medinski, ministre de la culture, assure par ailleurs qu’il ne s’agit en rien d’une censure, mais qu’il considère qu’une limite éthique existe entre l’analyse critique de l’histoire et le persiflage. Alors que la membre du comité pour la culture Elena Drapenko parle de « censure salvatrice ».

La solution initialement pensée par le ministère n’était d’ailleurs pas la censure, mais le simple report de la diffusion du film au 18 mars prochain (date des élections présidentielles Russes), que les distributeurs ont totalement rejeté.

 

Un problème de timing.

Autre élément critiqué, la date de diffusion prévue au 25 janvier soit un peu avant le 75ème anniversaire de la bataille de Stalingrad. Il se trouve que la célébration du 2 février permet de fêter la victoire de l’union soviétique sur l’Allemagne nazie. Le « groupe de citoyens préoccupés » voit donc ce film comme un « crachat à la face de ceux qui ont péri et de ceux qui ont survécu » à la bataille de Stalingrad.

Nikita Mikhalov, vainqueur du Grand Prix de Cannes en 1994, estime d’ailleurs que « Des films de ce genre ne doivent tout simplement pas arriver en Russie et ceux qui achètent des films pareils ne doivent pas travailler dans notre pays ».

 

Ce litige permet donc de se questionner quant à l’évolution de l’image de certains personnages. Ainsi si Staline était tout de même le chef d’un état totalitaire ayant assassiné des millions de victime, l’histoire Russe a surtout fait de lui le grand héros ayant permis de sortir vainqueur de la Seconde Guerre Mondiale.

 

Anissa Meharzi

Crédits photos :

http://www.allocine.fr/film/fichefilm-239812/photos/detail/?cmediafile=21441241

https://www.bedetheque.com/serie-25583-BD-Mort-de-Staline-Une-histoire-vraie-sovietique.html